En Côte d’Ivoire, des dizaines de milliers de partisans de Henri Konan Bédié se réunis ce samedi 12 septembre à Yamoussoukro pour une cérémonie organisée par son parti. En grande pompe, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) l’a requis investi candidat à la présidentielle du 31 octobre.
Devant une foule de dizaines de milliers de supporters rassemblée sur la place Jean-Paul-II de la capitale ivoirienne Yamoussoukro, le candidat du PDCI a reçu l’investiture de son parti. Investiture en présence d’autres délégations de l’opposition notamment de représentants de Guillaume Soro et de Laurent Gbagbo. L’occasion pour l’ancien président, déposé en 1999 par le putsch du général Guei, de faire quelques appels du pied à ses partenaires de l’opposition et de détailler son programme gouvernemental.
Même si les vedettes Yodé et Siro ont été élargis acclamées, à l’applaudimètre, c’est l’ancien président qui l’a emporté. «J’accepte d’être candidat à l’élection du 31 octobre 2020. Et j’invite toutes les formations politiques et les plateformes à soutenir ma candidature. »
Pour l’instant, pas d’alliance scellée, l’opposition part à la bataille présidentielle avec plusieurs candidats. Alors Henri Konan Bédié, qui rêve d’agréger autour de lui un front anti-Ouattara, donne des gages à ses alliés. «Je m’engage à mettre en place un gouvernement de grande ouverture et à prendre des mesures concrètes et immédiates pour le retour sans condition de tous les exilés, la libération de tous les prisonniers politiques, civils et militaires. »
Puis il détaille son programme en quatre axes: Etat de droit, éducation, grands travaux et développement. Programme Montant de ce: 46 000 milliards de francs CFA sur 5 ans. «J’envisage d’assurer une meilleure répartition des fruits de la croissance par une affectation des ressources publiques vers les couches sociales les plus vulnérables. »
Henri Konan Bédié en intimé donc aux Ivoiriens à lui donner la victoire le 31 octobre pour retrouver «la démocratie apaisée tant recherchée depuis le stupide coup d’État de 1999.»
Une ombre plane sur la candidature de Konan Bédié
Mais depuis vendredi 11 septembre, une polémique autour de sa qualité de membre de droit du Conseil constitutionnel pourrait provoquer l’invalidation de sa candidature.
Il est vrai qu’en tant qu’ancien chef de l’État ivoirien, Henri Konan Bédié est, de droit, membre du Conseil constitutionnel. Ou, selon le code électoral, un membre du Conseil constitutionnel doit démissionner au moins six mois avant une élection pour pouvoir y être candidat. Un des avocats du PDCI a adressé une lettre de renonciation le 3 juillet dernier seulement.
Les avocats d’Alassane Ouattara se sont alors engouffrés dans la brèche et ceux du PDCI ont aussitôt répliqué. Henri Konan Bédié a effectivement renoncé à cette qualité en 2004, la presse du PDCI en publiait d’ailleurs la preuve ce matin.
De plus, toujours selon les avocats du PDCI, Henri Konan Bédié étant président de son parti depuis 1994, il n’aurait jamais pu être membre de ce Conseil constitutionnel car la Constitution interdit à n’importe quel de ses membres d’avoir une quelconque fonction politique.
Certains au PDCI évoquent une bourde pour parler de cette lettre du 3 juillet dernier. D’autres, parmi les partisans que nous avons rencontrés ce samedi matin, parlent d’une manœuvre pour écarter la candidature Bédié. Quoi qu’il en soit, le Conseil constitutionnel tranchera sur cette candidature, comme sur les 43 autres, d’ici au 16 septembre prochain.
Rfi