En RDC, après un marathon de trois semaines de négociations, les délégations du gouvernement et du Fonds monétaire international (FMI) se sont mis d’accord sur le contenu d’un programme de trois ans. Si cet accord est validé par la direction et le conseil d’administration du FMI, la RDC pourrait commencer à toucher un premier décaissement dès la mi-juillet sur quelque 1,5 milliard de dollars. Le ministre congolais des Finances, Nicolas Kazadi, revient sur les enjeux de ce programme.
RFI : En quoi la signature de ce programme est importante pour la RDC ?
Nicolas Kazadi : La coopération avec le FMI est la bienvenue pour notre gouvernement, mais nous agissons avant tout par conviction, pas pour opportunisme et encore moins par mimétisme. Un programme avec le FMI est nécessaire. Parce que notre économie est liée aux autres économies du monde, il est important de donner un signal qui atteste de notre volonté de ramener la RDC dans de bonnes pratiques en matière économique et financière.
Ça ouvre la voie à des décaissements qui pourraient atteindre le milliard et demi de dollars sur trois ans. Mais en échange de cet argent, il y a toute une série de réformes à laquelle la RDC s’est engagé. De quelles réformes s’agit-il ?
Les principales réformes sont en rapport avec la fiscalité. Elle vise tout simplement à une simplification en vue d’une mobilisation accrue des recettes et surtout dans un meilleur climat des affaires.
Quelles sont les grandes mesures de mobilisation des recettes qui sont prévus dans ce programme ?
Il y en a plusieurs, notamment celles en rapport avec les exonérations, en rapport avec la TVA également qui continue de poser pas mal de problèmes. Mais il y a aussi les recettes non fiscales, il y a quelques difficultés entre celles appliquées au niveau central et celles qui sont appliquées aux échelons inférieurs, mais de toute façon, nous aurons l’occasion de les rendre très bientôt public et dans le détail.
Avec la signature de ce programme, est-ce qu’on peut s’attendre à la publication de nouveaux contrats miniers ?
Oui, le principe est que tous les nouveaux contrats miniers doivent être publiés. C’en est fini d’entretenir l’opacité dans ce secteur, comme nous l’avons vécu trop longtemps d’ailleurs au détriment de l’intérêt général.
Il y avait des conditions préalables qui devaient être remplies même avant la signature de cet accord qui doit être encore validé par la direction du FMI et notamment pour renforcer l’indépendance de la banque centrale. À quand la mise en place du nouveau conseil d’administration ?
Oui, l’engagement a été fermement pris. La mise en conformité avec la loi de 2018 sur la banque centrale sera effective avant le passage du dossier RDC au conseil d’administration du FMI.
Il y a eu quand même des points d’achoppement, nous dit-on et notamment dans la gestion des fonds alloués à la lutte contre le Covid-19. La RDC avait pris certains engagements vis-à-vis du FMI en termes de transparence.
Oui, en avril 2020, le FMI a octroyé un appui de 363 millions de dollars à la RDC au titre de la facilité de crédit rapide. C’était pour aider notre pays à faire face à la pandémie de Covid-19. Cet appui visait plus spécifiquement à faire face à la menace sanitaire, c’est-à-dire aux dépenses de santé qui étaient exceptionnelles, mais aussi à atténuer les effets de la baisse brutale de l’activité économique et des recettes fiscales. Les justificatifs les plus attendus concernaient les dépenses directement liées à la riposte sanitaire. Et d’ailleurs ces dépenses n’étaient pas la part plus importante des dépenses. Les justificatifs ont été fournis de manière progressive, car il fallait les rassembler à travers tout le pays. D’ailleurs ils continuent d’être récoltés et publiés sur le site du ministère de la Santé.
RFI via BLAS Lukunku Presse