L’équipe nationale est encore un grand chantier »
Nommé ambassadeur du football congolais en mai dernier, Roger Hitoto est l’un des acteurs principaux de l’évolution de l’équipe nationale. En attendant les échéances de mars 2022, l’ancien international congolais s’est exprimé à cœur ouvert : Claude Makelele, son rôle, les binationaux… Roger Hitoto dit tout.
C’est en tant qu’invité de l’émission Global Sports Promo de Joshua Bellini, que l’ancien meneur de Lille s’est confié sur la sélection.
Claude Makelele n’a jamais été notifié
« Nous avons été nommés ensemble avec Makelele, mais lui n’a jamais été notifié. Vu ses responsabilités du côté de Chelsea, Claude voulait être concerté au préalable, en vue de s’organiser par rapport au calendrier. (…) Bien qu’ayant joué pour l’équipe de France, il reste un enfant du pays (RDC). Il fallait donc se mettre ensemble et parler afin de trouver une solution. La façon dont les choses se sont passées dans ce dossier n’était pas normale. »
« J’étais content d’être nommé ambassadeur, bien que sans contrat »
En dépit des attentes et demandes de la FECOFA sur ses attributions, Roger Hitoto n’avait pas hésité à prendre ses fonctions après sa nomination. Il connaît bien son rôle. « Être ambassadeur de l’équipe nationale englobe de multiples fonctions. Quand on m’a désigné, j’étais content, mais je ne savais pas où j’allais. Ce que je fais, c’est de promouvoir cette équipe, vendre sa belle image à l’extérieur pour une bonne visibilité, mais aussi solliciter des matchs amicaux avec d’autres nations. Par contre, la FECOFA ne me demande que d’aller voir des joueurs pour les ramener en équipe nationale. Je ne peux pas faire au-delà de ce qu’on me demande, mais c’est une grande joie de servir mon pays. Je n’ai signé aucun contrat. » Quant à son travail au sein de la sélection, Roger Hitoto avoue qu’il procède sans les moyens de la fédération « J’avais fait un budget prévisionnel que j’avais envoyé à la FECOFA, mais je n’ai jamais eu de réponse. J’effectue mes voyages pour voir les joueurs avec mon propre argent et à chaque fois j’envoie un rapport à la fédération pour demander un remboursement. »
L’équipe nationale, un grand chantier
Alors que le tirage au sort à venir des barrages est dans tous les esprits, après la dernière trêve très réussie des Léopards (deux victoires à la clé), l’ambassadeur Hitoto ne perd pas de vue les vis desserrées de l’équipe qu’il faudra resserrer « Pour que notre équipe devienne redoutable, on est obligé d’avoir trois joueurs de même niveau par poste pour qu’il y ait une forte concurrence. Un joueur ne peut pas venir en équipe nationale en sachant qu’il sera titulaire indiscutable… non. L’entraîneur doit avoir mal à la tête, il faut qu’il ait plusieurs choix. »
Nkunku et les binationaux
Sujet sensible, suscitant beaucoup de spéculations depuis des années. La question sur les relations entre les binationaux et la sélection ne pouvait pas s’extraire des confidences de Roger Hitoto. Il a, parlant de l’effectif actuel, évoqué quelques noms dont les dossiers ont toujours semblé sans suite, mais qui pourraient se débloquer dans l’avenir « On a plusieurs défenseurs, dont Bissaka, Tuanzebe ou encore Kosa… Pour Bissaka, on m’a dit avant mon arrivée que l’entraîneur l’avait approché. De ma part, j’attendais amener à Bissaka des arguments solides pour le booster, au même titre que les autres binationaux.
Sachant que Bissaka en Angleterre est en quatrième position dans son poste, je vais lui expliquer qu’il a une chance de jouer la Coupe du Monde avec la RDC. Je vais lui dire qu’il s’agit d’un projet à court terme, car il ne nous reste que deux match avant d’y arriver. (…) Quand je suis allé voir Silas, j’ai appelé Santos Mutubile qui lui a parlé au téléphone. Silas a parlé tour à tour avec Santos et le ministre des Sports. C’est ce que je ferai également pour Bissaka. »
Parler des binationaux sans citer un certain Christopher Nkunku, c’est comme faire une omelette sans avoir eu à casser d’œufs : impossible. Pour Roger Hitoto, le dossier Nkunku n’est pas freiné par un problème administratif, mais plutôt, par la volonté du joueur à rejoindre la nation de ses parents. Ce dernier continue de caresser le rêve d’enfiler le maillot de l’équipe de France « Il y a un problème de choix. Pour Didier Deschamps, Nkunku occupe la cinquième ou sixième position dans son poste. Nkunku sait très bien que la RDC a besoin de lui. Avant l’Euro, il attendait de voir si son nom figurerait sur la liste des23 ou pas. Avant chaque compétition, aussi longtemps que Deschamps ne publie pas sa liste, Nkunku aura toujours son espoir là-bas.
Sa vision est donc l’équipe de France. » Roger Hitoto a poursuivi en parlant de son agenda européen, suivant le nombre des binationaux par championnat. Tout va commencer par l’Angleterre « J’irais en Angleterre où il y a quatre joueurs, ensuite en Allemagne où il y en a également quatre. Après il y a la France, la Belgique et l’Italie. Mais je ne ferai rien sans le feu vert de mes supérieurs » Soucieux de voir les Léopards au Qatar en 2022, Roger Hitoto dit pouvoir s’investir, malgré toutes les réalités autour de la fédération.
Il a par ailleurs réitéré sa confiance en ses collègues qui ont débarqué dans la sélection récemment, en l’occurrence Santos Mutubile et Shabani Nonda. Il ne cache pas cependant que beaucoup de changements pourraient arriver dans l’effectif actuel de Cúper, vu que d’ici mars 2022, certains joueurs pourraient progresser, et d’autres, faire chemin inverse. Les possibilités de voir quelques binationaux poser leurs valises à Kinshasa ne sont pas non plus exclues.
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